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Carburant Superéthanol E85 et moto

Convertir son 2-roues au bioéthanol ?

Pendant longtemps, nous autres motards avions un choix réduit à la pompe à essence en matière de carburant : 95 ou 98 avec ou Sans Plomb ? Depuis, la situation a quelque peu évolué avec la généralisation du SP95 E10 qui contient 10% d'éthanol et qui n'est pas recommandé pour tous les modèles, notamment les plus anciens. Il faut également composer avec un autre "supercarburant" cependant encore assez peu utilisé : le E85.

Superéthanol E85 et moto
Superéthanol E85 et moto

Qu'est-ce que l'E85 ?

L'E85 est un carburant constitué d'essence et d'éthanol. Egalement appelé superéthanol, sa concentration en éthanol varie entre 65% et 85%. Faisant appel à la transformation de végétaux contenant du sucre ou de l'amidon et reposant moins sur les énergies fossiles, ce carburant présente surtout un avantage en terme de coût puisqu'il est en moyenne 40% moins cher que l'essence Sans-Plomb, même s'il entraîne une plus forte consommation de carburant.

Utilisé depuis longtemps dans certains pays comme les Etats-Unis ou le Brésil, il a fait son apparition en France en 2007.

L'atout prix

Ce qui fait l'intérêt majeur du superéthanol, c'est son prix, en moyenne deux fois moins cher qu'un litre d'essence SP95/98. L'E85 est en effet en moyenne à 0,75 euro le litre contre 0,80 pour le GPL, 1,30 euro/l pour le gazole, 1,50 euro/l pour le SP95-E10 et 1,55 euro/l pour le SP98. Du coup, l'achat d'un boitier ou kit de conversion est assez rapidement rentabilisé à court terme. Les experts tendent à démontrer toutefois que la durée de vie d'un moteur serait réduite d'environ 20% avec de tels kits.

L'atout écologique

Total annonce que son SuperEthanol E85 permettrait une réduction de 42,6% des émissions de CO2. A cela s'ajoute le fait que la dépendance aux énergies fossiles serait moins importante. Les contradicteurs diront qu'il est fou de fabriquer un carburant au détriment des espaces qui peuvent permettre de cultiver de la nourriture.

Les limites de l'E85

Bien que présenté comme le carburant du futur, l'E85 peine à s'installer pour plusieurs raisons : le manque de véhicules existants et le très faible réseau de pompes (moins de 1.000 en France, soit 10% du parc de stations !). Pas facile dans ces conditions d'inciter les usagers à passer le cap vers des véhicules "FlexFuel", c'est-à-dire capable de rouler avec n'importe quelle essence.

Dans l'auto, seuls quelques constructeurs ont tenté l'aventure avant de s'arrêter. Aujourd'hui, Volkswagen est le dernier à proposer du FlexFuel avec ses Golf Multifuel. Pour les deux-roues la situation est encore plus simple puisqu'aucun constructeur n'a encore produit de moto ou scooter pensé pour utiliser l'E85, ces derniers s'étant déjà montrés assez frileux avec le E10.

Les risques liées à l'E85

Aucun modèle de deux-roues n'est aujourd'hui pensé pour pouvoir rouler à l'E85. Son utilisation est donc vivement déconseillée sur un modèle d'usine. En revanche, les kits de conversion sont censés permettre l'utilisation ce carburant sur n'importe quel moteur à injection.

Toutefois, le mélange à forte teneur en alcool se montre aussi plus corrosif et pourrait avoir des conséquences en matière d'usure de certaines pièces, notamment les durites et pompes à injection. L'autre problème soulevé par l'utilisation du superéthanol concerne sa consommation, plus importante, qui nécessite un débit plus important des injecteurs. Or, même ouverts au maximum, ces derniers n'atteignent pas forcément le débit optimal nécessaire à une bonne combustion.

Les kits de conversion

Pour faire face à la pauvreté de l'offre, de nombreux fabricants se sont lancés et ce depuis plus de dix ans dans la commercialisation de kits de conversion afin de garantir le bon fonctionnement du moteur et que celui-ci soit correctement alimenté en carburant grâce à un simple boîtier de contrôle électronique, pour un coût tournant autour de 600 euros.

Jusqu'alors ouvert à tout et n'importe quoi, la pratique n'a finalement été règlementée qu'en décembre 2017 avec la mise en place d'une procédure d'homologation des boîtiers de conversion. Pour l'heure, seuls deux fabricants sont en cours d'homologation : FlexFuel et Biomotors. Cette certification a notamment pour but d'assurer la garantie des pièces mécaniques, de ne provoquer aucune interférence ou encore de maintenir le véhicule à sa norme Euro d'origine.

L'article 3 de l'arrêté du 30 novembre 2017 précise ainsi que :

[...] Le fabricant garantit la préservation de l'intégrité des moteurs et des systèmes de post-traitements des émissions de polluants sur lesquels est installé un dispositif de conversion qu'il commercialise. Il assume la responsabilité d'une détérioration éventuelle des moteurs et des systèmes de post-traitements due à l'installation de ce dispositif et doit en démontrer la capacité ; [...]

Cette évolution attendue de la législation devrait donc permettre d'encadrer la transformation des véhicules et de rassurer les utilisateurs... de voitures. Eh oui, l'arrêté présente peut-être un pas en avant, mais il ne concerne cependant que les voitures particulières et camionnettes. Autrement dit, aucune transformation sur les 2-roues motorisés n'est encore homologuée, la procédure reste donc illégale puisqu'elle modifie le type de réception de la moto ou du scooter.

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