Kronik : Rouler aux Zuèsses

J'aime pas trop les Zaméricains. Mais j'aime bien leur pays. C'est un vieux rêve : rouler tout droit dans une plaine qui semble s'étendre à l'infini, sous un ciel de carte postale ou de générique de film.

Le peu d'Zaméricains que j'ai croisé ne m'ont pas laissé de bons souvenirs. Alors je me dis que ça doit être comme les Françaoui : une colonie de casse-choses dans un pays par ailleurs superbe. Dommage qu'à cause de leur politique étrangère ça commence à ressembler de plus en plus à une série Z des années 80 où les Russes envoient des parachutistes tuer de mort définitive le Pwezident of zeu Zaméricains mais ils échouent forcément ha ha mais ils ont quand même réussi à faire péter la Maison Blanche rhaaléssalo comme d'hab'.

Je digresse.

Les Zétazunis, donc. Parce que le Canada c'est plein de forêts et que ça caille carrément plus même au mois de juillet. Non, moi je voulais rouler sur une route à la vue dégagée jusqu'à l'horizon qui devient tout bleu et tremblotant sous les rayons du soleil et qu'on ne sait plus trop où commence le ciel et où finit la terre. Pour avoir une idée du ciel que j'ai en tête, il faudrait regarder le premier quart d'heure de Koyaanisqatsi

-à mes souhaits, merci. Le Nevada, en somme, plus que le Kansas. Ou l'Oklahoma, à cause de l'album de Lucky Luke.

Il y a une forme de zen à pratiquer dans l'étrange immobilité du déplacement motorisé. Avancer immobile, assis sur une selle. On n'a sans doute pas assez creusé les potentialités thérapeutiques de la deux fois deux voies en plaine. Avec un bon argumentaire, je pourrai peut-être me faire rembourser mon roadtrip aux Zuèsses par la CNAM.

Enfin bref, tout ça pour dire que j'irais bien faire un tour aux Zuèsses. Mais il faut bien l'avouer, je préférerais sans doute faire ça en bagnole. Façon Roadkill : récupérer une de ces immondes saloperies construite à Detroit à la fin des années 70 ou au début des années 80, coller un bon coup de latte au pare-choc avant pour affiner le réglage du jeu aux culbuteurs et roule ma poule -je me doute que l'enfer du décor doit être tout autre, mais j'onirique sa mère, là.

Une bagnole, donc, avec un grand coffre pour loger mon barda.

Mais au fait... pourquoi aux Zuèsses, alors que j'ai la Sibérie au bout de la Pologne ? Sans doute parce que le cinéma attend toujours la version russe de Vanishing Point. Je serais d'ailleurs sans doute plus en sécurité chez Vladimir que chez Obama, rapport au nombre d'AR15 par tête. Dersou Ouzala plutôt que John Wayne. Moskvitch 412 plutôt que Chevrolet Chevette,

sauf qu'il roule encore des Moskvitch, alors que les Chevette... J'aurai à peu près le même climat, à peu près les mêmes routes et la bouffe sera sans doute meilleure.

D'ici à Novosibirsk, il y a presque pile 6.000 kilomètres. Tout au bout, il y a un bled qui s'appelle Uelen et après ya plus rien, on approche du bord du Monde et du Grand Trou Noir d'Oùsskon Revient Jamais. C'est tellement un bled paumé que même Gougeulmapsse ne peut pas m'y emmener par la route.

Que diable peuvent bien faire les gens qui vivent là-bas ? Faut que j'aille voir.

Plus d'infos sur les kroniks

• Toutes les Kroniks