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Pilote de légende : Jacques Roca

Sept fois champion de France de vitesse

Pilote, mécanicien, concessionnaire et préparateur de génie

Pilote de légende : Jacques Roca (photo : François Beau)Si le nom de Jacques Roca est passé à la postérité dans le monde de la compétition moto, il faut savoir que le pilote français a en réalité débuté sur un deux-roues à pédales. En effet, dans les années 50, Jacques Roca est l’une des étoiles montantes du cyclisme français. Au guidon, Roca tient tête aux meilleurs de l’époque dont Louison Bobet qu’il bat à Lurcy-Levy. Le jeune cycliste accumule les victoires et les belles places et en 1957 il est sélectionné pour courir au mythique Tour de France. Hélas, la guerre d’Algérie éclate et le jeune Jacques Roca est envoyé sur place. A peine arrivé, sa Jeep roule sur une mine et, gravement blessé, il prend conscience que sa carrière de coureur cycliste est désormais terminée.

La détermination au bout des jambes

A deux doigts de l’amputation, les médecins lui apprennent que sa jambe ne fonctionnera plus. Pourtant, Jacques Roca ne compte pas se laisser abattre et il entreprend une rééducation forcée en prenant le guidon d’une bicyclette. Les muscles arrachés, il doit forcer sur ses mollets pour compenser et à force d’acharnement, il parvient à marcher de nouveau et à pédaler.
Alors que le cyclisme français vient de perdre l’un de ses futurs grands champions, le sport motocycliste français vient de trouver l’un de ses plus brillants représentants.

En route pour la compétition moto

Pilote de légende : Jacques Roca (photo : DR)En effet, Jacques Roca décide de ne pas quitter le guidon mais avec sa jambe abîmée, il décide de prendre le chemin des sports mécaniques et notamment de la compétition moto où son père a déjà couru. Il débute en 1959 en s’engageant au Bol d’Or avec une 175 Morini. Accompagné dans son aventure par Esme, il décroche la victoire dans sa catégorie. Une première victoire qui en annonce bien d’autres puisque le constructeur Derbi qui cherche à s’implanter en France décide de miser sur lui. Devenu pilote officiel pour la marque espagnole dès 1961, Jacques Roca commence à accumuler les victoires et s’offre quatre titres de champion de France 50cc successifs de 1962 à 1965.

Titres en série

En 1966, Roca passe en 175cc avec une Bultaco et en 350cm3 sur une Ducati. A la fin de la saison, il décroche deux nouveaux titres de champion de France. Parallèlement, il court en championnat du monde et ne démérite pas. Ainsi, en 1965 avec sa Derbi 50cc il termine au neuvième rang mondial. En 1967, il se classe septième au Grand Prix de France derrière des noms illustrels tels que Mike Hailwood ou Phil Read et devant Jack Findlay.
Pilote talentueux, Jacques Roca est également un mécanicien de génie et exerce surtout son talent sur les mécaniques deux-temps.

Directeur technique chez Suzuki

Suzuki 750 GT Roca (photo : DR)En 1968, il crée la première structure de course pour le compte de Yamaha Sonauto mais cette année-là sera surtout marquée par son entrée chez Suzuki. Roca se rend en effet chez Pierre Bonnet, importateur Suzuki-Kreidler, afin de dénicher quelques pièces. Tout aurait pu être radicalement différent si un client et sa T500 n’étaient pas passé par là. L’homme se plaint que sa machine ne fonctionne pas correctement et Jacques Roca décide de jeter un coup d’œil. Après quelques petits réglages il se rend à son rendez-vous mais le client vient aussitôt le remercier en constatant que sa moto roule comme un charme. Pierre Bonnet s’avoue impressionné, d’autant plus que jamais personne jusque là n’était parvenu à régler correctement la machine. Ce dernier décide de donner une chance à Roca et l’embauche comme directeur technique. Il lui demande en outre de trouver des concessionnaires.

La Suzuki 750 GT version Roca

En 1972, Suzuki commercialise sa grande nouveauté de l’époque, la 750 GT. Ce trois cylindres refroidi par eau s’écoule bien pendant une année mais très vite les ventes stagnent et l’importateur se retrouve avec un stock important de machines sur les bras. Jacques Roca est alors missionné de trouver une solution pour écouler quelques exemplaires. L’ancien pilote procède alors à sa toute première création en carrosserie. Il met au point une coque spéciale inspirée de l’univers de la course et le résultat semble faire son effet puisque le stock est écoulé en l’espace de quelques semaines. Avec cette première expérience réussie dans le domaine de la customisation, Jacques Roca n’a de cesse d’améliorer sa création. Il y ajoute des jantes à bâtons, un carénage intégral et quelques coloris spéciaux.
Pour le salon 1973, il crée même une 750 spéciale Roca entièrement plaquée or. Un exemplaire unique qui serait actuellement en possession d’un célèbre acteur américain.

Ce n'est qu'un au revoir

Pilote de légende : Jacques Roca (photo : DR)En cette même année 1973, Jacques Roca s’apprête à engager l’une de ses machines au Bol d’Or mais on lui refuse l’accès à l’épreuve en raison d’un retard à la pesée.
Deux ans plus tard, il participe au Tour de France moto. Bien placé au classement, il échappe de justesse à la tragédie lorsqu’une camionette lui coupe la route. Hôspitalisé pendant un moment il revient chez Suzuki mais des divergeances avec un nouveau dirigeant le poussent à prendre la porte. En cadeau d’adieu, les concessionnaires de la marque lui offrent une 750 Roca GT quasiment intacte.

Roca fonde ensuite sa propre concession multi-marques et continue son travail de créateur et transforme certaines de ses machines qu’il commercialise ensuite. Il reçoit d’ailleurs la Hit Bike Cup, une distinction qui récompense les plus belles préparations motos avant de prendre une retraite amplement méritée en Espagne, sur ses terres natales.
Mais en juillet 2007, ce pilote, mécanicien et préparateur de génie tire sa révérence, emporté par la maladie.

Palmarès en Grand Prix

SaisonCatégorieCoursesVictoirePodiumMotoClassement
1969 125cc 1 0 0 Derbi 22
1969 50cc 1 0 0 Derbi 27
1965 50cc 2 0 0 Derbi 9

Plus d'infos sur Jacques Roca

Commentaires

WHITEGOLD

Ha celui là ses créations m'ont vraiment fait rêver...
Ses productions avaient vraiment de la gueule...

08-02-2020 13:04 
WHITEGOLD

Au fait merçi pour cette chronique, j'ignorais son histoire avant qu'il n'intègre les Ets Bonnet.

08-02-2020 13:05 
 

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