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Croisière en mer et fjords avec l'Hurtigruten

Voyage de 2400 km de côtes en 34 escales de Bergen à Kirkenes

1893 ! On en est encore à la recherche d'un passage au niveau du pôle nord quand le capitaine Richard With lance la liaison maritime rapide de Trondheim à Hammerfest, puis Spitzberg et enfin Kirkenes à une époque où le petit nombre de phares rendait la navigation de nuit quasi impossible. Avait-il conscience que plus de 100 ans après sa compagnie serait la première compagnie de Norvège à réaliser en plus des croisières, en bord de côte des aventures dans les glaces ? Depuis le vapeur DS Vesteraalen qui a ouvert la ligne, l'Hurtigruten n'a pas d'équivalent aujourd'hui, étant à la fois une ligne express côtière régulière et un bateau de croisière à part entière.

L'hurtigruten

Oubliez les ferry... Vous embarquez ici dans le monde feutré de la croisière pour 7 ou 12 jours et 34 escales du nord au sud, ou du sud au nord. Ces escales signifient surtout des entrées intimes dans les fjords, là où même les routes ne viennent pas. Elles signifient l'ouverture devant vos yeux ébahis de passages inédits, naviguant sur les traces des grands explorateurs.

Fjords sous le soleil

Imaginez des paysages vierges, où les falaises vertes tombent dans la mer, ou les îles se multiplient par millier pour apparaître à fleur d'eau et vous croisant a seulement quelques mètres. Les villes ont disparu. Les villages aussi. Il ne reste plus que la nature sauvage, intacte, dans un vague ronronnement des moteurs que l'on oublie vite à moins d'y prêter une oreille attentive. Le paysage défile en permanence d'un pont a l'autre, ininterrompu, sans effort. Le voyageur se trouve transporté dans un rêve prolongé par le calme environnant.

Un kayak dans les fjors sur fond de montagne

Pas de boîte de nuit ici, pas de salle de jeux, pas de supermarché flottant... Juste un bateau et ses multiples ponts, depuis la cale ou la moto est sanglée jusqu'au restaurant panoramique en propre et en poupe. On s'extasie souvent dans les salles de cinéma à 360°... C'est ici une salle de cinéma grandeur nature avec les sensations en plus... du vent frais qui caresse le corps sous le soleil, au léger bercement induit par la navigation sur la mer. Vous flottez, dans tous les sens du terme.

Phare dans les fjords

Les plus courageux tenteront une tête dans l'eau de mer, dans un plouf retentissant à moins qu'ils ne préfèrent s'immerger dans une eau bouillonnante... Le tout possible sur deux bateaux de la flotte, le Finnmarken et le Midnatsol.... Grâce à leur piscine d'eau de mer et leurs bains bouillonnants en extérieur.

Piscine et bains bouillonnants sur l'Hurtigruten

Et la tête sortant de l'eau, les yeux pointeront sur les montagnes ou le sillage laissé par le bateau dans la baie de l'escale en cours.

Sillage de la croisière dans les fjords

Quand le jeu d'eau se termine, le pont en bois accueille alors le sportif pour un nouveau bain, de soleil... A moins qu'il ait l'envie de concourir pour un triathlon grâce à la salle de sport et tous les instruments nécessaires du rameur à la marche nordique. Le soir arrive vite et il y a toujours un coucher de soleil à observer jusque tard dans la nuit, tellement au nord, le soleil ne semble jamais vouloir vraiment disparaître.

Coucher de soleil sur les fjords : il est 23h30 lorsque la photo a été prise

Et pour celui qui a encore soif, les bars sont là... De la bière, Arctic forcément, au cocktail plus serré au simple verre de vin.

Les pieds rentrent à nouveau dans les chaussures pour fouler la moquette des coursives qui parcourent le bateau de la proue à la poupe et sur tous les ponts.

Pont supérieur de l'Hurtigruten

On rejoint alors la cabine, spacieuse en standard, à immense pour les suites, pour changer de tenue et rejoindre le restaurant. Quelques parfums flottent dans l'air. Les après-rasage se mêlent à l'air marin. Les femmes sont habillées. Les serveurs officient à table. Entrée, plat, dessert... Chaque plat se succèdent ouvrant une nouvelle page du livre de voyage, gustative cette fois-ci. Le poisson est a l'honneur... Et la cuisine norvégienne lui rend ici un hommage tout particulier. Fin, délicat, juste accompagné des légumes opportuns, les papilles goûtent au plaisir des sens. Un voyage réussi ne l'est-il pas souvent par sa carte ? Elle est ici une découverte quotidienne, qualitative, élevant d'un cran la cuisine norvégienne, loin des burgers et kebab, au rang de gastronomie.

Vue des fjords de la passerelle de l'Hurtigruten

Les gros mangeurs en seront pour leurs frais pour le dîner; les diététiciens approuveront le choix de la qualité contre la quantité. Mais les gros appétit auront aussi leurs moments fétiches... Du petit déjeuner au déjeuner, servis en buffet, nordique forcément. On trouve donc les traditionnels œufs, saucisses, pommes de terre, champignons, mais en plus les plateaux de charcuterie et de fromages, le saumon, le maquereau, des salades composées, ainsi que tous les fruits, céréales, pains. Et dieu seul sait si le pain n'a pas grand chose à envier en Norvège a la France. La preuve en est d'ailleurs dans les supermarchés qui ont un rayon de farines impressionnant permettant de faire chez soi bon nombre de pains différents, notamment de céréales.

Quand le chef donne un cours de cuisine et de préparation du saumon

Le chef ne se fait pas prier non plus pour donner un cours de préparation du saumon, de sa découpe pour les sushis ou de la préparation des différents formes de marinade... du sel, du sucre, de l'aneth, 48h... La cuisine de l'Hurtigruten est une référence, à tel point qu'un livre de cuisine a été édité spécialement sur sa préparation.

Le petit déjeuner permet ici d'être calé jusqu'au soir, voire au lendemain. On se demande presque pourquoi le couvert est remis le midi, avec encore un buffet varié, mais aussi froid que chaud. Le gourmand goûtera à tout jusqu'à plus faim. Le gourmet laissera chaque jour se concentrer sur un met pour en apprécier toutes les saveurs. Et entre deux repas, les ponts seront autant de zones de repos et détente, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur, au frais, en fonction du temps pour apprécier les caresses du soleil rafraîchies par la brise marine.

La barre de l'Hurtigruten

Pendant ce temps-là, la mer étale succède aux montagnes. Les forêts succèdent aux cailloux marins qui émergent de l'eau par instant. Une nouvelle île est passée, juste surmontée d'un mini-phare, balise mi-terrestre mi-marine. Un pont se passe, à peine effleuré par les bouches des cheminées tandis que la corne fait résonner les cœurs.
Un navire passe, les chiens n'aboient pas mais les mains brassent l'air pour saluer le frère de la côte.

Frères de la côte : quand deux Hurtigruten se croisent : ici le Nordlys et le Finnmarken

Les escales sont juste des haltes... dans le sens nord-sud, mais de vraies visites dans le sens sud-nord. Tout est une question de temps passé à quai.

Passage sous un pont avec l'Hurtigruten

Les plus aventuriers ou curieux préfèreront le sens sud-nord, plus libre, plus ouvert vers chaque port et chaque ville pour ne pas se contenter de la vue marine mais pour pénétrer aussi au plus urbain du cœur norvégien voire plus pour les excursions organisées permettant de s'échapper encore plus loin l'espace de quelques heures. La découverte de la Norvège passe aussi par ces escapades, autant de découvertes enrichissant le voyage des différente vues intérieures, jusqu'au cercle polaire.

Passage du cercle polaire par la mer

Et puis, il y aura toujours les voyageurs opportunistes. Ceux arrivés sur une île à moto comme l'archipel des Lofoten et désireux de rejoindre le continent, empruntant alors à la croisière son nom pour quelques heures ou une poignée de jours en mer, toucheront tout juste du doigt le nom de croisière... Comme une mise en bouche. Le temps s'écoule vite ici. Un jour semble une heure. L'esprit se vide. Les doigts s'agitent tout au plus un petit peu pour retracer quelques sensations, un air de trop peu presque avant de déjà entendre le signal du débarquement. La cabine se vide lentement. On retrouve la moto dans la soute. Les valises se chargent.

La moto dans la soute de l'Hurtigruten

Les coursives se vident des passagers et le pont se fait presque désert. Le bateau n'était déjà pas une fourmilière. Il devient une coquille presque vide, avant de se remplir à nouveau par les nouveaux passagers.

Plutôt croisière ? Plutôt ferry ? l'Hurtigruten se prête au jeu des deux, sans préférence apparente. Ami fidèle, il accompagne le voyageur aussi longtemps que celui-ci le veut au fil de ses envies, ses désirs et ses souhaits.

Bon vent.

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