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Histoire de la Thaïlande

Une instabilité politique persistante

U-Thong, premier roi de la dynastie AyutthayaAvant que la Thaïlande ne devienne le pays des Thaïs, le territoire était habité par des minorités khmères, malaises et môns. Du 3ème au 9ème siècle, ces derniers occupent aussi bien le nord de la péninsule malaise, le Cambodge actuel, la Basse-Birmanie et le sud du Vietnam. Ce n'est qu'à la fin du 9ème siècle que les premiers Thaïs, arrivant de la Chine méridionale, s'installent dans l'empire khmer, au nord des monts Dângrêk.

Leur domination en termes de population s'affirme de plus en plus et en 1238, le premier roi thaï, du clan des Sukhothaï, est élu. Ils s'affranchissent alors du règne des Khmers. Une inscription mentionnant le fils du premier roi, Ramkhamhaeng, est considérée comme l'acte fondateur du pays. Les Sukhotaï ne règnent que jusqu'en 1365, année où les Ayutthaya s'emparent du territoire.

La première dynastie thaïe

Le premier roi Ayutthaya, U Thong rebaptisé Ramathibodi, est à l'origine de la fondation du royaume de Siam, après l'installation de lui et sa cour sur une ile du fleuve Chao Phraya. Il impose le Bouddhisme comme religion officielle et crée le premier code légal du pays, qui sera suivi jusqu'au 19ème siècle. Celui-ci est basé sur les principes bouddhistes, mais contient aussi des arrêtés royaux. Le roi étend son empire jusqu'à Angkor et sécurise les frontières. A cette époque, le royaume couvre déjà la presque totalité des territoires thaïs actuels et les Ayutthaya sont considérés comme le peuple le plus puissant de la région.

Malgré des attaques de la Birmanie, qui réussit même à prendre le pouvoir sur les Ayutthaya pendant quelques années, l'expansion du royaume reprend au 16ème siècle. Ce n'est qu'en 1767 que les Birmans réussissent à prendre la ville d'Ayutthaya, mettant fin au règne de la dynastie éponyme. Deux ans plus tard, le général Taksin s'autoproclame roi. Il est rapidement détrôné par le général Chakri, qui prend sa place et initie la dynastie Chakri. Il établit par ailleurs la nouvelle capitale à Bangkok. La dynastie ne reste au pouvoir que jusque dans les années 1790, avant d'être chassée par le royaume de Lannathai (originaire de Chiang Mai) qui installe son roi à la tête du pays, bien que celui-ci ne serve que de marionnette au roi Chakri.

Le 19ème siècle est placé sous le signe de la colonisation européenne partout en Asie, mais le royaume de Siam tient bon. Alors qu'en 1826, les Birmans sont battus par les Anglais, les Thaïs signent un traité d'amitié et de commerce avec ces derniers pour éviter la colonisation du pays. Sept ans plus tard, c'est au tour des Etats-Unis d'entamer des relations diplomatiques avec le Siam. Le respect porté aux puissances européennes et les différents accords passés sont probablement la raison pour laquelle la Thaïlande est le seul pays de la région à n'avoir jamais été véritablement colonisé, les monarques successifs désireux de s'inspirer des évolutions européennes pour améliorer leur pays. Pour autant, la France et le Royaume-Uni n'hésitent pas à s'accaparer les terres proches des frontières des pays voisins. La France est particulièrement impliquée dans les affaires régionales, n'hésitant pas à annexer 72 cantons de la région et à implanter un vice-consulat à Luang Prabang (Laos actuel). Une guerre franco-siamoise s'entame en 1893 après des provocations de la France, auxquelles les Thaïs répondent en ouvrant le feu. Ces derniers sont battus et cèdent la rive orientale du Mékong. Au début du 20ème siècle, à la suite de nombreux traités, la Thaïlande perd près de 456 000 km² de terres au profit de la France et de l'Angleterre.

Guerres et coups d'Etat

Plaek Pibulsonggram Bien que la Thaïlande ne soit pas concernée par la Première Guerre Mondiale, celle-ci prend part à la coalition des Alliés afin de gagner sa place au Traité de Versailles et demander une révision des traités signés avec la France et l'Angleterre. Sa participation lui permet aussi de faire partie des fondateurs de la Société des Nations.

En 1932, suite à une crise économique qui met à mal la situation des fonctionnaires, des militaires, des salariés et des masses rurales, le Parti du Peuple organise un coup d'Etat. Le 24 juin, les militaires prennent d'assaut le Palais de justice et prennent en otage les princes influents. Ils exigent une transition d'une monarchie absolue à une monarchie constitutionnelle. La transition se fait dans le calme, le roi acceptant de coopérer et de pardonner le Parti du peuple pour ses actions.

A l'abdication du roi Prajadhipok, son neveu s'assoit sur le trône et l'instigateur de la révolution Plaek Pibulsonggram est nommé Premier ministre.

Commence alors une campagne de répression, qui s'entame avec l'exécution de 18 opposants politiques. Il change le nom du pays de Siam à Prathet Thai. Il lance une guerre contre l'Indochine française, sortant vainqueur grâce à l'aide de l'Empire du Japon et récupère des provinces perdues lors de la colonisation. Cette collaboration continue lors de la Seconde Guerre Mondiale : la Thaïlande signe tout d'abord un traité d'amitié avec le Japon, puis l'autorise à exploiter ses bases militaires, pour enfin rejoindre l'Axe. Mais la participation active du pays dans la guerre la soumet à des bombardements de la part des Alliés et les contestations augmentent de toute part : la reine, exilée, dirige un gouvernement en exil, l'ambassadeur thaïlandais aux Etats-Unis refusent de remettre au gouvernement la déclaration de guerre. La guerre finie, Plaek Pibulsonggram est poussé vers la sortie. Cela ne l'empêche pas de revenir au pouvoir en 1947, avec le soutien de la population.

Malgré l'implication du pays dans la Seconde Guerre Mondiale, les Etats-Unis s'allient à la Thaïlande. Si pendant la guerre d'Indochine, le pays reste à l'écart, il autorise toutefois les Etats-Unis à exploiter ses bases militaires lors de la guerre du Vietnam. En 1973, une révolution explose. Le peuple exige la fin du régime militaire imposé par Plaek Pibulsonggram, mort neuf ans plus tôt. Le général Thanom Kittikachorn réprime violemment les manifestants, faisant 70 morts et perdant ainsi le soutien du roi en place, Rama IX. Il décide alors de quitter le pays. Les désirs de démocratie ne prennent pourtant pas forme, malgré les nombreux essais des années suivant la révolution. La montée du communisme chez leurs voisins plonge les Thaïlandais dans une optique conservatrice, ils tournent le dos aux étudiants menant les manifestations. Le 6 octobre 1976, au retour de Thanom en Thaïlande, une manifestation tourne au drame après que l'armée autorise les paramilitaires à intervenir : 46 étudiants sont tués, une centaine sont arrêtés et torturés. L'armée reprend le pouvoir et suspend la constitution.

Depuis cette date, la Thaïlande reste soumise à une grande instabilité politique. En 2001, le parti Thai Rak Thai mené par Thaksin Shinawatra gagne les élections et entame des réformes pour les classes populaires du pays. Alors que Thaksin est aux Etats-Unis, un coup d'Etat le force à l'exil en 2006. En 2011, sa sœur est nommée Premier ministre, mais l'opposition royaliste et urbaine tente de la pousser à la démission. En 2014, un nouveau coup d'Etat éclate. Yingluck Shinawatra, la sœur de Thaksin, est jugée pour corruption et abus de pouvoir, puis déclarée coupable. Le 20 mai, le général Prayuth Chan-ocha, commandant en chef de l'Armée royale thaïlandaise, instaure la loi martiale. En juillet de la même année, le nouveau roi Rama IX approuve la nouvelle constitution accordant un large pouvoir à l'armée. Depuis 2016, le pays est dirigé par Prayut Chan-o-cha au poste de Premier ministre et par Rama X comme souverain.

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