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MotoGP : histoire des Grand Prix de vitesse moto

Retour sur les courses qui ont changé les destins des pilotes motos

Si les Grand Prix moto se divisent en plusieurs catégories de cylindrées, les courses motos qui bénéficient de cette appellation imposent tout de suite le respect. Les Championnats du Monde ont débuté en 1949 grâce à l’initiative de la Fédération Internationale de Motocyclisme. Parmi les organismes phares du MotoGP figurent la Dorna pour les droits commerciaux, les constructeurs au sein de la MSMA et les équipes au sein de leur syndicat, l'IRTA.

Les meilleurs pilotes du monde se disputent ainsi la gagne dans ces catégories et écrivent leur légende. Celle-ci, très riche, ne permet pas de traiter toute l’histoire de manière exhaustive, mais quelques incontournables sont conservés.

1949 : l’année où tout a (vraiment) commencé

Si on commence à parler de Grand Prix moto au début de siècle, le vrai premier Championnat du Monde a lieu en 1949. Le contexte d’après-guerre impose la reconstruction, mais celle-ci ne se fait pas sans séquelles. L’Allemagne attend ainsi 1951 pour pouvoir prendre part à ce premier championnat balisé.

Pour autant, celui-ci ne part pas sur une feuille blanche. Le Tourist Trophy ouvre ce premier championnat le 17 juin. Trois catégories sont présentes lors de l’événement : les 250, 350 et 500. Dans la saison, certaines courses accueillent d’autres catégories, la 125 et la Sidecar (600).

Le premier Grand Prix de vitesse à l'Ile de Man
Le premier Grand Prix de vitesse à l'Ile de Man

Toutes catégories confondues, le championnat se déplace en Suisse, sur le circuit Bremgarten à Bern. Une décision qui semble anodine à l’époque, mais qui se fera rare puisqu’en 1955, le drame des 24 heures du Mans auto pousse le pays à refuser de voir des compétitions de sport mécanique organisées sur son territoire. Si l’interdiction est levée en 2007, elle revient en vigueur deux ans plus tard.

Retour en 1949 : le début du mois de juillet est aussi marqué par l’organisation d’un Grand Prix au TT Assen. Spa-Francorchamps confirme son statut de circuit historique avec une manche le 17 juillet. Il en va de même pour Monza, qui accueille la finale du Championnat le 4 septembre.

Les Italiens raflent tout sur leur passage à cette occasion, remportant les quatre disciplines en lice pour cette finale. Entretemps, le Grand Prix d’Ulster a sa place au circuit Clady, sur une configuration qui sera modifiée dès 1953 pour rester intacte aujourd’hui. L’Irlande du Nord a accueilli avant 1949 le Grand Prix d’Europe dès 1935, mais des courses sont recensées depuis 1922.

Quand le barème de points change la donne au championnat 1949

Pour départager les pilotes, un barème de points est déterminé. Il récompense les cinq premiers, avec dans l’ordre 10-8-7-6 et 5 points attribués. Le meilleur tour en course offre un point bonus. Un détail important reste à mentionner, dont l’Italien et sa Gilera auraient bien aimé qu’il n’existât pas. Les trois meilleurs résultats comptent. Il faut d'ailleurs attendre 1977 pour voir tous les résultats compter, à l'exception de l'année 1991 où 13 résultats étaient pris en compte sur 15 GP.

Au final, l’irrégularité de Leslie Graham, qui s’est caractérisée en deux abandons et une dixième place à l’entame, ne lui a fait perdre qu’un point, celui du meilleur tour au Tourist Trophy. C’est beaucoup moins que les onze points concédés par l’Italien, qui se retrouve vice-champion car il n’a pas fait mieux que troisième au circuit Clady ! Nello Pagani se console malgré tout avec le titre de 125 où il remporte deux victoires.

En catégorie 350, la domination de Freddie Frith n’offre aucune possibilité de contestation. Le championnat 250 est plus serré et les Italiens prennent leur revanche sur les Britanniques en réalisant un doublé Bruno Ruffo et Dario Ambrosini, qui devance Ronald Mead et Maurice Cann. Hormis Mead, chacun s’est imposé lors d’une course. Enfin, en side-car, c’est le duo britannique composé d’Eric Oliver et Denis Jenkinson, sur une Norton, qui s’impose avec une belle avance et deux victoires sur les trois courses disputées, acquises à Bremgarten et Spa-Francorchamps.

Circuits : les Grand Prix moto de plus en plus nombreux

La première saison de Grand Prix de vitesse ne voit pas tous ses circuits rester au calendrier. La course du Tourist Trophy reste au sein du championnat jusqu'en 1976, au contraire d'Assen qui restera au calendrier avec 65 éditions. 65 éditions, c'est aussi le nombre de Grand Prix d'Italie, mais les circuits se sont partagés l'honneur d'accueillir le pinacle du sport moto.

Si le XXIe siècle permet au Mugello d'assurer cette fonction, les circuits de Misano, Imola et Monza s'alternent. Misano a aussi officié en qualité de Grand Prix de Saint-Marin, ce qui est toujours le cas d'ailleurs. Le premier Grand Prix hors Europe s'est déroulé en 1960, en Argentine à Buenos Aires. Le pays fait même son retour en ayant confirmé sa présence au calendrier de 2014 à 2016 sur un tout nouveau circuit.

MotoGP : Valentino Rossi sur le podium à Misano en 2009
MotoGP : Valentino Rossi sur le podium à Misano en 2009

Un cap à l'Est, déjà initié par le Japon dès 1964, a pris une ampleur plus importante dans les années 2000. Si le Grand Prix d'Australie intègre le calendrier en 1989 pour ne plus le quitter, le Qatar décroche son ticket en 2004 et organise la course de nuit de Losail. Le Grand Prix de Turquie à Istanbul officie lors de trois saisons dès l'apparition du circuit en 2005. Le Grand Prix de Chine au circuit de Shanghai débute la même année.

A noter également la présence du Grand Prix de Malaisie dès 1991. Si Sepang accueille la manche du championnat du monde dès 1999 où le circuit est inauguré, la Malaisie a accueilli à Johor le Grand Prix 1998, après sept éditions à Shah Alam.

Au bout du compte, les Grand Prix sont de plus en plus nombreux. En 1961, le calendrier dépasse dix Grand Prix avec onze épreuves avant d'en atteindre quinze en 1987. Les chiffres se stabilisent à 17 ou 18 Grand Prix par saison, ce qui est assez similaire à la Formule 1, dont la seule différence aura été de monter en puissance un peu plus tôt.

Les Grand Prix de vitesse acquis aux Britanniques, Italiens et Espagnols ?

Geoff Duke, John Surtees et Mike Hailwood ou encore Carlo Ubbiali n’ont pas chômé lors des premières décennies des Grand Prix moto. Si les champions sont de nationalités diverses, ceux qui écrivent l’histoire sont souvent britanniques ou italiens.

L'Italien Giacomo Agostini, le pilote le plus titré avec 15 couronnes mondiales acquises de 1966 à 1975, est bien rentré dans le vif du sujet. Sa légende est indéniable et n’est que légèrement bousculée par l’Espagnol Angel Nieto : aucun titre en catégorie reine n’est compris dans son palmarès, mais avec 13 couronnes au total, il figure deuxième au palmarès des pilotes grâce à ses prestations en cylindrées inférieures ou égales à 125 cm3.

MotoGP : Max Biaggi et Valentino Rossi en 2004
MotoGP : Max Biaggi et Valentino Rossi en 2004

Aujourd’hui, la légende de Valentino Rossi a marqué les plus jeunes générations. Son côté showman a permis à ces nombreux fans en herbe de s’intéresser à la moto de manière plus soutenue. Il suffit de voir l’engouement qu’il suscite au Grand Prix de France pour comprendre l’impact qu’il a sur les foules, avec son numéro 46 emblématique.

Côté Espagnol, les succès ne sont pas immédiatement venus. Bien sûr, Angel Nieto a été le premier à se distinguer, succédé par Ricardo Tormo – qui a donné son nom au circuit de Valence. En catégorie reine, c’est Alex Crivillé qui a signé le premier titre de la nation en 1999. Dani Pedrosa a beau avoir remporté trois titres, sa position d’éternel second ne lui a pas permis de le rejoindre en catégorie reine. Il faut attendre 2010 et Jorge Lorenzo pour ce faire, l’Espagnol ayant remis le couvert en 2012. La période faste est aujourd’hui ibérique, mais lorsque le palmarès en catégorie reine est observé de plus près, malgré les 38 titres en date toutes catégories confondues, l’Australie et les Etats-Unis devancent les Espagnols…

Kenny Roberts et ses trois titres, tous acquis en 500 cm3 entre 1978 et 1980, ont mis le pied à l’étrier à l’Oncle Sam. Freddie Spencer et Eddie Lawson ont suivi dans les années 1980, avec quatre couronnes pour ce dernier. Wayne Rainey et Kevin Schwantz ont bien joué le coup début 1990, une décennie avant Kenny Roberts Jr (qui perpétue la tradition familiale) et le titre de Nicky Hayden de 2006, acquis grâce à une belle régularité.

Enfin, du côté des constructeurs, les Japonais caracolent sans surprise en tête. Il ne s’agit pas de la domination sans partage digne des 24 heures du Mans (merci MV Agusta, Aprilia ou encore BMW en Sidecar), mais avec 19 titres en catégorie reine et 61 au total sur 303 possibles (statistiques en vigueur mi-2013), Honda a de la marge sur les 47 de Yamaha…

MotoGP : Jorge Lorenzo et Casey Stoner à Laguna Seca en 2011
MotoGP : Jorge Lorenzo et Casey Stoner à Laguna Seca en 2011

Quoi qu'il en soit, certains pilotes ne sont pas forcément focalisés sur le palmarès. L'exemple contemporain le plus marquant est celui de Casey Stoner, qui a quitté la catégorie reine pour d'autres horizons après un succès immédiat en MotoGP, peu enclin à accepter un championnat où les prototypes se bataillent avec des motos moins puissantes pour des raisons budgétaires...

L'implication des constructeurs : les décennies se suivent et ne se ressemblent pas

Les prototypes utilisés en Grand Prix sont certes différents des machines de route, mais l'implication des constructeurs à travers les époques - au sein de la catégorie reine, ndlr - dresse un portrait de la bonne forme des structures engagées plus ou moins durablement.

Au commencement, AJS, BMW ou encore Gilera et Norton jouent des coudes avec des acteurs comme Triumph, Velocette ou encore MV Agusta et Moto Guzzi. Contrairement à l'époque moderne où quelques constructeurs, quasiment triés sur le volet, s'engagent en catégorie reine, l'implication des constructeurs à l'époque se veut plus saccadée.

De nombreuses collaboration, avec Metisse notamment, voient ainsi le jour. Les années 1970 sont le théâtre d'engagements de quelques courses seulement et des noms plus ou moins obscurs comme Quaife, Rudge-Whitworth ou encore König se retrouvent impliqués dans la bataille. Le constructeur Scott est de ceux-là, puisqu'il n'apparaît, à l'instar de Quaife avec Metisse, qu'en 1971 avec à son guidon Brian Scully.

A l'opposé, les mastodontes que sont Yamaha, Suzuki et Honda sont fidèles à la discipline pendant de nombreuses saisons et n'hésitent pas à aligner plusieurs motos et effectuer des collaborations. Fait plus méconnu, Harley Davidson s'est engagé dans les années 1970, entre 1973 et 1975. Dans les années 1980 et 1990, Cagiva s'engage pendant plusieurs saisons avant que le constructeur ne disparaisse définitivement, à la fois sur les modèles de compétition et ceux de série.

Deux mystères sur les Championnats du Monde des Grand Prix moto

John Surtees et Phil Read sont tous deux septuples champions du monde, mais Read a gagné quatre de ses titres en 250 cm3 et seulement 2 en catégorie reine, contre 4 en catégorie reine pour Surtees. Comment expliquer que la valeur des titres soit la même sur des cylindrées différentes ?

Il s’agit d’une spécificité propre à la moto. En Formule 1, un titre en catégorie inférieure n’a par exemple pas la même valeur mathématique et cela se ressent dans l’accès des pilotes titrés en formules de promotion à la catégorie reine.

Pour les pilotes moto, la valeur de ces titres n’est bien entendu pas la même, mais cela semble prouver que le système est plus efficace. Plus les observateurs accordent de l’importance à ces titres, plus les pilotes sont susceptibles de monter plus facilement grâce à leur talent. Enfin, la visibilité des trois disciplines, qui s’effectuent dans la foulée et sont diffusées sur les mêmes supports, apporte un coup de pouce supplémentaire.

MotoGP : départ du Grand Prix de France 2005
MotoGP : départ du Grand Prix de France 2005

A noter qu'avec l'arrivée des dénominations MotoGP (990 puis 1000 cm3, quitte à créer des championnats à double vitesse au grand dam de certains), Moto2 et Moto3 dès 2002 (le Moto2 apparaît en 2010 avec des cylindrées 600 et le Moto3 et des cylindrées 250 cm3 en 2012), les aficionados des statistiques se retrouvent bien embêtés pour évaluer la valeur des titres...

La France a beau être le berceau des sports mécaniques, aucun pilote n’a remporté de championnat en catégorie reine. Comment l’expliquer ?

Si en 125 cm3 et en 250 cm3, des Français ont été titrés, les autres catégories font état d’un palmarès vierge. Un palmarès de 5 titres au total met la France à égalité avec l’Afrique du Sud, qui est toutefois devant au classement grâce à ses titres en catégorie 350 cm3.

Dans les années 1980, Jean-Louis Tournadre est le premier Français à être titré en 1982. Deux ans plus tard, Christian Sarron prend le relais, toujours en catégorie 250. Il faut attendre les années 2000 pour voir trois autres pilotes rejoindre ce cercle restreint, Olivier Jacque en 2000, Arnaud Vincent en 2002 et Mike di Meglio en 2008.

Le premier pilote Français en moto a connu un destin plutôt étonnant, ce qui a amené le circuit de Nevers Magny-Cours à nommer son tracé de 2 km, antérieur à la piste actuelle, du nom du Français. Jean Behra a pris le départ de la manche suisse de 1949 en 500 cm3, mais a été contraint à l’abandon. Son expérience moto avec Moto Guzzi l’a ensuite mené vers le Championnat du Monde de F1, chez Gordini jusqu’à la Scuderia Ferrari, en 1959. Leur collaboration a été écourtée après une casse de piston au Grand Prix de France, qui a mené le pilote français à une altercation dans un restaurant où il avait notamment frappé le Team Manager de l’équipe, Romolo Tavoni. Il s’est ensuite apprêté à revenir avec sa Porsche, mais une course en Porsche RSK disputée sous la pluie l’a vu se tuer avant le Grand Prix d’Allemagne.

MotoGP : Olivier Jacque chez Yamaha
MotoGP : Olivier Jacque chez Yamaha

Si les pilotes français sont représentés en moto dès le début des championnats, ils sont bien moins nombreux que les Britanniques ou les Italiens. Très peu de pilotes internationaux percent, le motocross séduisant plus de par sa facilité d’organisation. Il faudra plusieurs années avant que les pilotes ne prennent leurs marques et que les médias suivent.

Ce départ manqué pourrait être une explication, mais dans l’ensemble, le sport moto en France témoigne d’un intérêt certain, dès le début des compétitions et les Français victorieux sont relativement nombreux. L’impulsion du sport automobile a aussi permis à la France de disposer de nombreux circuits sur l’ensemble de son territoire, ce qui lui confère ce statut, pour certains, de berceau des sports mécaniques. La barre est tout de suite élevée et les attentes sont nombreuses. Finalement, n’est-ce pas une bonne chose pour le prestige des compétitions vitesse ?

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Commentaires

kick47

John Surtees et Phil Read sont tous deux septuples champions du monde, mais Read a gagné quatre de ses titres en 250 cm3 et seulement 2 en catégorie reine, contre 4 en catégorie reine pour Surtees. Comment expliquer que la valeur des titres soit la même sur des cylindrées différentes ?

C'est normal sinon les 13 titres d'Angel Nieto ne vaudraient pas grand chose. Qu'importe la cylindrée, une couronne reste une couronne. Et que dire des doublés qui étaient légion à l'époque. Agostini, c'est 10 titres étalés sur 5 ans de 1968 à 1972. Aujourd'hui, pour être 10x champion du monde, il faut au moins attendre 10 ans et être bon pendant tout ce temps là ...

26-10-2020 13:34 
TiMilo

Le dernier pilote à participer à deux catégories différentes c'est
Freddie Spencer.
Ce n'est pas la pré-histoire puisque il a été titré en 250 et 500 en 1985.

Ce serait marrant de revoir ça en Moto2 et MotoGP....

30-10-2020 12:19 
kick47

Réponse à TiMilo : Bin non, c'est Jorge Martinez. Doublé 80cc et 125 cc en 1988

09-12-2020 12:20 
 

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