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Maroc : le Haut Atlas entre Agadir et Marrakech

La Route 203 : plus de 200 kilomètres de virages, des paysages à couper le souffle

L'entrée dans un Maroc authentique et la découverte de la culture berbère

Il y a deux façons de rejoindre ces deux grandes villes du Maroc : l'Autoroute A7 qui contourne la chaîne montagneuse de l'Atlas par le Nord, ou bien la petite route 203 qui, elle traverse la montagne de manière pittoresque et que l'on prend un petit peu après Taroudant. Ayant d'abord découvert le Maroc par la côte Atlantique, aborder l'Atlas permet de découvrir une nouvelle facette du pays. Certes, nous allons découvrir cette montagne par l'une de ses extrémités, appelée le Haut Atlas : le massif s'étend sur toute l'Afrique du Nord sur quasiment 300 kilomètres de large et 2500 de long, depuis la Tunisie et culmine quand même à 4167 mètres d'altitude.

Nuages sur la Route 203

Là-haut, dans la montagne

On en pense ce que l'on veut, mais je ne mettrai pas Agadir dans le top des souvenirs du Maroc, même si la douceur de vivre est bien agréable sur la côte atlantique. Douceur que nous quittons avec de la joie au coeur car nous attend l'une des routes de montagnes les plus spectaculaires du Maroc : la 203, donc, qui franchit le col de Tizi n'Test et qui a été construite en 1924. Cette étape ne fait que 300 kilomètres, mais nous sommes prévenus que la moyenne horaire risque d'être basse au vu de la sinuosité et de l'état de la route. Avec un peu plus de temps, nous aurions pu visiter en détail la ville de Taroudant qui vaut le détour, ne serait-ce que par ses remparts impressionnants qui imbriquent 130 tours et 19 bastions d'angle. Une merveille historique et architecturale qui, hélas, ne résiste pas à la préoccupation première du motard de base : aller limer du bitume, d'autant que nous n'avons plus de risques de rencontrer la Police comme sur les grands axes.

Mais pour l'instant, ça rebondit plus que ça lime. Les premiers kilomètres qui attaquent les contreforts déroulent un bitume défoncé. Au lieu d'admirer les plantations d'arganiers dans les vallées (qui permettent souvent aux femmes de monter des coopératives pour vendre l'huile d'argan), on s'accroche au guidon et on serre les genoux, cela contraste avec l'état des routes, plutôt bon voire excellent, que nous avons rencontré depuis le début de notre voyage. Mais la route 203 a pour caractéristique d'offrir une multitude de conditions différentes. Tantôt large et bien revêtue, tantôt étroite, sinueuse et bosselée, tantôt totalement défoncée ; j'ai même trouvé une petite section sur terre qui me rappelait presque les routes de l'Himalaya. Hélas, celle-ci ne durera pas longtemps.

Vieux taxis et troupeaux de chèvres sur la route 203

Ce panneau annonce un bar sur le début de la route 203

Ruines sur la route 203

Diversité de motards sur la route 203

l'Atlas entre Agadir et Marrakech : pause dans le brouillard

Cela a l'avantage de pouvoir décupler les émotions et dans un petit groupe où côté monture, c'était le grand écart entre du side-car Ural Ranger 2WD à de la Kawasaki ZZR 1400 en passant par une intrépide Royal Enfield Bullet, chacun a pu trouver une portion adaptée à sa monture et à son style de conduite. En attendant, au vu de la majesté des paysages traversés entre les sommets enneigés et la vallée du Souss, plus bas, l'atmosphère est plus à la contemplation. Entre les vues dégagés sur les sommets lointains ou l'enneigement peut être tenace une grande partie de l'année et les passages étroits entre des anfractuosités rocheuses, chaque virage apporte son lot de découvertes et de nouvelles émotions. Plus nous rentrons dans la montagne et plus les espaces sont marqués par l'impact de la population berbère, qui a longtemps vécu du pastoralisme et de petites cultures en terrasses. Et en attendant, après avoir croisé des taxis Mercedes hors d'âge et des troupeaux de chèvre en liberté sur la route, un panneau à l'orthographe délicieusement décalée nous annonce qu'il est l'heure de prendre un thé bouillant. Car, en fait, le brouillard s'est levé et ça caille un peu.

Une géologie généreuse

Le col de Tizi n'Test est situé au milieu de la route 203. Partis du niveau de la mer, nous sommes alors à une altitude de 2092 mètres et les points de vue sont toujours aussi éblouissants. En haut du col, un bar permet de faire une pause au milieu de ces centaines de virages en dégustant un petit thé à la menthe brûlant, tandis que quelques cahutes de vendeurs de minéraux donnent l'occasion de regarder les richesses géologiques du coin et notamment ces roches aux couleurs stupéfiantes (vert, rouge vif, orange...).

Col de Tizi n'Test

Paysages en descendant vers Marrakech

Des motos passent sur la route 203 devant une ruine

lac artificiel de Lalla Takerkoust

Village perché sur la Route 203

ZZR dans gorges sur la Route 203

Et en bas, le spectacle continue ! Grandes courbes et petits lacets, gorges profondes et canyons étroits, la route 203, décidément bien généreuse, continue de dérouler ses merveilles au fil des kilomètres. En redescendant vers Marrakech, la verdure fait de nouveau son apparition et des petits villages composés de maisons traditionnelles cubiques en pisé nous contemplent de leur teinte ocre dont l'intensité varie au fil du jour. Ce qui est intense, aussi, c'est le bleu du lac, long de 7 kilomètres : ce barrage artificiel, basé à Lalla Takerkoust, une quarantaine de kilomètres avant Marrakech, est situé dans un cadre féerique à flanc de montagne et constitue un lieu de baignade et de villégiature. Ça aurait été plus que tentant de rester, mais l'étape du soir est fixée à Marrakech. Ah, Marrakech, ses grandes et larges avenues, ses palais royaux, son souk gigantesque et animé avec la jeunesse dorée qui vient se montrer sur la place Jamal El Fna. Quel contraste !

Un magasin dans le souk de Marrakech

Conclusion

Quelle route que cette 203 ! Une orgie de virages, un festin de paysages et surtout, après avoir descendu la route côtière jusque Agadir, l'entrée dans Maroc plus reculé et plus authentique. Attention à la météo l'hiver et pensez à faire le plein à Taroudant ou Marrakech. La 203 reste typiquement le genre de route que l'on peut prendre plaisir à faire en une journée, mais on en découvrira tout le potentiel en sachant s'arrêter pour passer du temps dans les villages et profiter des multiples possibilités de randonner.

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