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Canada : de Golden à Fields

Moto en Colombie britannique

L’orage a continué toute la nuit mais aux premières lueurs du jour, les lourds nuages commencent enfin à s’éloigner. Le soleil perce par endroits tandis que des nuages plus légers caressent la montagne de façon éparse.

Vue de la montagne du chalet B&B

Le petit déjeuner inclut toujours les fruits, baies, yaourt, rolls, pain, beurre et confitures. Cette fois-ci, il comprend également des croissants faits maison !

Le Lac Louise et son voisin le lac Moraine sont les deux destinations principales de la journée. Le Canada est connu pour ses forêts et ses lacs. Ceux-là sont parmi les plus célèbres, pour une raison esthétique - leur couleur turquoise – et historique : c’est ici que les premiers guides suisses ont commencé au début du 20e siècle à parcourir les montagnes. Les deux lacs offrent donc en plus de leur étendue d’eau, de longues randonnées.

La transcanadienne serpente d’abord au fond de la vallée, laissant sur sa droite la rivière, puis monte peu à peu. C’est à mi-chemin du lac, mais aussi à mi-hauteur de la montagne, que la route offre une halte, non pas pour admirer le paysage mais les trains. Car les trains passent en face avec une singularité… la locomotive entre puis sort d’un tunnel, tandis que les derniers wagons ne sont pas encore entrés dans le même tunnel. De fait, autrefois, - et les explications sont nombreuses et détaillées sur ce point à la fois culturel et touristique – la ligne construite ici possédait la plus forte pente de toutes les lignes de chemins de fer existant avec 4,5% ! Si le chiffre parle peu, cela signifie également que cinq mètres de dénivelé existait entre la locomotive et le 5e wagon. Autant dire que les accidents étaient nombreux – déraillements et autres - malgré le fait que des locomotives avaient été spécialement conçu pour ce tracé. Du coup, depuis, des « 8 » ont été construit, afin de faire serpenter la ligne, doublant la longueur de la portion de ligne, mais divisant par deux son angle. Ce qui offre cette particularité de pouvoir admirer à la fois le même train entrant et sortant d’un tunnel d’un même point de vue.

L’arrivée au Lac Louise se fait rapidement, à la sortie suivant de la highway. Le parking est bien rempli dès le matin mais des emplacements réservées aux motos. Il suffit alors de marcher 100 mètres, de traverser une haie d’arbres, pour admirer le lac sur fond déchiquetés de montagnes. C’est également là que surplombe le fameux hôtel Fairmont, un 5 étoiles dont le prix de la nuitée est inabordable pour la très grande majorité des bourses. Il y en a plusieurs à travers le Canada, reconnaissables à leur architecture et leurs toits de bronze oxydés de vert.

Lac Louise

Les touristes se pressent autour du lac pour la photo souvenir. Le temps moyen passé ici ? huit minutes ! Car aussitôt la photo prise, ils repartent pour le lac suivant. Ceci sera également le cas du voyageur pressé de tout faire vite.

Mais se contenter de voir le lac d’en bas serait passer à côté de deux autres joyaux, plus hauts, presque inaccessibles et réservés aux courageux. Les chaussures de randonnées sont alors indispensables.

Sentier au-dessus du Lac Louise

Plusieurs chemins montent alors à travers la forêt. Le premier de 2,4 km permet d’arriver jusqu’au Lac Miroir. Plus petit, encaissé dans la montagne, le lac offre la même couleur  vert émeraude que le Lac Louise. Mais ici, il n’y a plus qu’un ou deux randonneurs admiratifs.

Mais le lac miroir n’est qu’une mise en bouche pour ce qui attend le voyageur patient. Il faut encore monter 800 mètres plus haut pour atteindre enfin le Lac Agnès. De fait, avant même d’atteindre le lac, on en admire les chutes à travers la pierre. La vue offre alors le double panorama du lac miroir et du lac Louise.

Lac Miroir

Et quelques mètres plus loin, lové au pied d’une montagne de pierres, le lac dévoile son eau cristalline.

Lac Agnès

Un chalet à thé (« Tea House » ) propose alors une collation pour se remettre de l’heure de marche, quelques fois plus, qui fut nécessaire pour arriver ici. A 2134 mètres, c’est également le chalet à thé le plus haut du Canada.

Chalet à Thé

Les écureuils sont ici foison et courent à vos pieds. Et l’objectif de 50mm à 30 centimètres de leurs moustaches ne les dérange absolument pas dans leur repas ! Tout le problème des animaux sauvages qui s’acclimatent de plus en plus de la présence de l’homme.

Ecureuil

Arrivé ici, il reste plusieurs chemins à prendre… du plus court au plus long, le « petit Behive » qui permet de monter au sommet et d’admirer les différents côtés de la montagne, le « grand Behive » qui monte encore plus haut par un chemin plus escarpé et qui permet d’admirer d’un seul point de vue les 3 lacs, et le chemin du Glacier qui vous permet comme son nom l’indique de traverser un Glacier tout en redescendant vers le Lac Louise au prix d’une marche de 11 kilomètres… possible si vous êtes arrivés le matin avant 10h.

Le spectacle est toujours grandiose. Chaque marche, chaque lac ouvre une nouvelle porte vers un nouveau décor, plus grand, plus majestueux : couleurs, forêts à perte de vue, montagnes décharnées ou au contraire verdoyante, mêlées avec très loin une ligne sinueuse que l’on devine être la route comme un fil quasi invisible.
Les nuages commencent à arriver et il faut décider de marcher  plus longuement ici ou passer au lac suivant. La curiosité d’un nouveau lac prend le dessus et la descente s’effectue deux fois plus vite que la montée. Les chemins sont quasi vierges de promeneurs et permettent de profiter pleinement de la vue, des photos, des odeurs de pinède humide et du calme, transgressé à de rares moments par un cri d’oiseau.

Panorama à partir du lac

Le Lac Moraine n’est qu’à 11 kilomètres, mais la route est toujours un régal, sinueuse à souhait, au goudron parfait, avec un paysage tantôt découvert sur la forêt, tantôt enfoui au cœur de la forêt. Seule la vitesse, réduite à 70 km/h, gâche un peu le plaisir… un peu seulement, car la moto s’incline volontiers pour passer d’une courbe à l’autre, tellement, que l’on regretterait presque d’arriver à bon port. Pas cette fois-ci, car le tonnerre gronde et les premiers éclairs claquent dans le ciel. Il n’est que temps de garer la moto sur le petit parking pour trouver refuge dans le lodge qui borde le lac, visible du parking ! C’est un véritable orage qui éclate alors, avec une pluie diluvienne, qui claque contre les hautes vitres du restaurant. Seul le feu dans la cheminée éclaire encore un monde devenu presque noir. 

FJR sous l'orage

Nos yeux se croisent et s’inquiètent d’être bloqués ici pour quelques heures en attendant une accalmie qui pourrait être longue. Pourtant la météo n’avait pas prévu un temps aussi violent. De fait, au bout d’une demi-heure, le soleil perce déjà tandis que la pluie ralentit son rythme. Encore un quart d’heure et le ciel est redevenu bleu pratiquement partout. Du coup, le lac resplendit d’un magnifique vert turquoise… de quoi affronter les quelques gouttes tombant encore.

Lac Moraine

L’orage a fait fuir les touristes et seuls les plus courageux sont restés. Il est possible de prendre des photos vierges de vie humaine ! A gauche un barrage d’arbres flottants apporte une touche de marron pour se marier avec l’eau. A droite, la forêt reprend ses droits. Au fond, la montagne affiche sa pierre et plus haut ses glaces éternelles.

Barrage

Le Lac Moraine n’est pas en reste de ses frères d’eau et offre tout autant de balades y compris la plus courte qui permet en passant un pont de bois et en escaladant quelques pierres de dominer le lac d’une centaine de mètres. La vue est à nouveau magnifique et encore plus en se retournant à 180°. C’est plus un lac mais une mer d’arbres verts à perte de vue qui contrebalance l’eau. Les pentes des montagnes donnent l’impression d’être autant de vagues immenses prêtes à déferler. Il n’y a ici plus aucune route visible ni aucune trace apparente de vie humaine : la nature, rien que la nature aussi loin que les yeux le permettent.

Mer d'arbres

Mais déjà le soleil commence à décliner et la température fraîchir de plus en plus. Le pull et le blouson ne sont pas de trop, quand les nuages viennent reprendre possession du ciel. Un frisson parcourt alors le corps. Le retour sera très rapide, trop rapide, malgré les panneaux rappelant la vitesse autorisée maximum… ne serait qu’à cause des ours capables de traverser à tout moment la route. D’ailleurs, on l’a bien vu l’ours noir…derrière la haie de voitures arrêtées par le spectacle de la forêt. Et puis on est passé, comme presque blasés, d’un animal rencontré pour la 4 fois depuis le début du séjour.

On imagine toujours le Canada avec ses grands espaces, ses forêts à perte de vue, les canoés, les montagnes… presque simple. C‘est cela et bien plus encore. Car chaque lac apporte sa couleur, chaque forêt son spectacle, chaque montagne ses pierres… Ce sont les mêmes ingrédients mais le goût est toujours différent. A chaque étape prévue, on se dit qu’on ira vite pour passer à l’étape suivante, et les chemins appellent à marcher, les rocs à s’escalader, et les paysages à s’admirer ; toujours émerveillés comme au premier jour.

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